Le CIANE se retire d'une RPC "grossesse physiologique"

Publié le par CIANE

(Communiqué de presse)

Objet : Recommandations de pratique clinique « Suivi et orientation des femmes enceintes en fonction des situations à risques identifiées » (Haute autorité de santé)

Le Collectif Interassociatif autour de la naissance (CIANE) a participé activement, en tant que représentant des usagers, aux travaux de la Haute autorité de la santé (HAS) sur l'élaboration de Recommandations pour la pratique clinique (RPC) intitulées, à l'origine, « Définition de la grossesse physiologique et critères d'orientation des femmes enceintes ».

Le document a été rendu public fin juillet 2007.  Voir le communiqué de presse :
http://www.has-sante.fr/portail/display.jsp?id=c_567727

Les représentants du CIANE n'ont pas signé ce document pour les raisons suivantes :

1) Le titre des RPC a été modifié de façon significative sans concertation avec le groupe de travail :

« Définition de la grossesse physiologique et critères d'orientation des femmes enceintes » est devenu « Suivi et orientation des femmes enceintes en fonction des situations à risque identifiées ».

2) Cette modification unilatérale du titre accompagne une orientation du contenu des RPC en désaccord avec les objectifs initiaux :

• Il n'y a plus de définition d'une grossesse physiologique (ou grossesse normale). L'intérêt d'une telle définition aurait été de « faire plus et mieux dans les situations à haut risque, et moins (et mieux) dans les situations à faible risque » (1).

• En conséquence,

  a) les RPC n'ont pas trouvé utile d'insister sur le fait que les grossesses normales devraient être suivies en priorité par des sages-femmes, médecins généralistes, gynécologues de ville, et non par les spécialistes de la pathologie que sont les obstétriciens. De même, si la possibilité d'orienter les grossesses normales vers des structures « bas risques » est évoquée, cela ne fait pas l'objet d'une recommandation.

  b) les RPC ne préconisent pas l'arrêt des examens et analyses inutiles, qui conduisent à des interventions potentiellement sources de problèmes médicaux et d'anxiété. Si certains examens ont bien disparu (au sens qu'ils ne sont pas mentionnés dans les RPC), il n'est pas dit explicitement qu'ils devraient être évités.

La grossesse est envisagée, dans ces RPC, uniquement sous l'angle du risque. Il n'est pas tenu compte du fait que la plupart des grossesses ne nécessitent qu'un suivi discret et pourraient donc être orientées vers des filières adaptées. On perd là l'opportunité de favoriser une organisation des soins efficace en terme de coût, de sécurité et respectueuse de l'événement humain qu'est la grossesse.

Finalement, il était prévu de mettre en place des critères d'évaluation des pratiques professionnelles pour suivre concrètement les effets de ces RPCs sur le changement des pratiques. Ce volet a été supprimé. Autant dire que ces RPCs risquent fort de rester lettre morte.

Dans ces conditions, il paraît essentiel au CIANE de marquer son désaccord en se retirant. Ces RPC ne modifient en rien la surveillance actuelle des grossesses ni la multiplication d'examens dont l'efficacité n'est pas démontrée, avec des effets iatrogènes sur les grossesses normales.

(1) Rapport mission périnatalité, 2003, Bréart et al.

Synthèse et texte des recommandations sur le portail de la HAS :
http://www.has-sante.fr/portail/display.jsp?id=c_547976

Lettre du CIANE au Comité Périnatalité de la HAS, signifiant son retrait du groupe de travail :
http://wiki.naissance.asso.fr/index.php?pagename=CIANElettre080607

Plus d'infos et commentaires sur la page :
http://wiki.naissance.asso.fr/index.php?pagename=RPCsuivi

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